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Le gouvernement japonais a annoncé en 2018 vouloir faire des prochains Jeux Olympiques de Tokyo une prouesse en matière de modernité, de technologie et d’écologie. C’est donc tout naturellement qu’une campagne a été lancée afin de fabriquer les fameuses médailles olympiques à partir du recyclage des déchets électroniques de la population japonaise ! Un défi audacieux relevé par la filière japonaise de recyclage des DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques).
Japon et technologie, une histoire d’amour au long cours
Avec des robots étonnants de réalisme, des équipements de pointe dans des lieux publics, ce n’est un secret pour personne : les japonais sont passionnés de technologie. D’ailleurs, le pays a longtemps été caractérisé par son fort investissement dans la recherche scientifique et technologique, avec près de 4% de son PIB dédié à ce secteur (contre 2% en France, et 2,74% aux Etats Unis d’Amérique). 40 des 100 entreprises les plus innovantes au monde sont japonaises, et c’est également un des pays avec le plus de chercheurs au monde (10,74 chercheurs pour 1000 actifs, contre 9,8 en France et 8,7 aux Etats Unis).
En fait, pour le gouvernement japonais, l’humanité entrerait dans la phase 5.0 de son histoire, l’humanité connectée. Avec des révolutions telles que la robotique, les objets connectés entre eux et des concepts tels que la Big Data, cette phase de développement humain serait cruciale, car représentant une sorte d’âge d’or technologique, mais aussi … un âge d’or de la pollution. L’Homme n’aura jamais autant consommé les ressources naturelles existant sur la planète. C’est donc à un mariage harmonieux et heureux entre technologie, traditions millénaires et écologie qu’aspire le gouvernement japonais, bien décidé à montrer au monde à l’occasion des Jeux Olympiques accueillis par le pays, qu’il est possible d’obtenir un mélange non excessif de ces trois concepts.
Les Jeux Olympiques, vitrine sur le monde
Quoi de mieux que les Jeux Olympiques pour prouver l’hégémonie technologique japonaise ? Des athlètes de tous les pays viendront en effet séjourner à Tokyo, dans un village olympique spécialement conçu pour l’occasion, où doivent se côtoyer énergie renouvelable, et systèmes de domotiques calibrés pour ne pas consommer plus que les besoins des athlètes.
Les stades et autres équipements sportifs ne devraient pas être en reste, et ont été annoncés comme hautement efficaces du point de vue de l’énergie. Néanmoins, un point noir subsiste : les médailles olympiques, composées d’or, d’argent et de bronze. Difficile de s’appuyer sur des ressources renouvelables pour les fabriquer, étant donné que ces minerais sont rares, et souvent exploités dans des conditions d’esclavage modernes impliquant du travail d’enfants sous-payés, sans aucune mesure de sécurité physique.
Qu’à cela ne tienne ! Le Japon pouvait compter sur un soutien inattendu … sa population !
Le surcyclage des déchets électroniques japonais
Comme rappelé dans le premier paragraphe, les japonais sont les champions mondiaux de l’électronique. Plus de 650 000 tonnes de déchets électroniques sont produits par l’archipel, et les experts estiment que 20 à 22% des réserves mondiales en minerais rares seraient contenues dans les déchets des japonais ! Une véritable mine d’or, que le gouvernement a décidé d’exploiter.
A travers une campagne lancée il y a quelques mois, les japonais étaient invités à remettre leurs appareils électroniques usagés dans des points de collecte (1500 dans le pays) afin de parvenir à réunir assez de matières précieuses pour fabriquer l’intégralité des médailles olympiques. Un objectif ambitieux quand on sait qu’il faut environ 4100 kilogrammes d’argent, 2700 de cuivre et 30,3 d’or pour mener ce défi à bien, chaque appareil n’en contenant que quelques milligrammes.
Un véritable challenge que la filière de recyclage des DEEE (Déchets d’équipements électriques et électroniques) japonaise s’est empressée de relever. Car outre le volume immense qu’il fallait récolter, se présentait aussi le défi de l’extraction : souvent répartis en infimes quantités dans les processeurs, cartes mères et autres circuits électroniques, il faut réussir à le recueillir le plus facilement possible.
Apparemment, les nouvelles seraient bonnes, car plus de 5 millions d’appareils auraient été récupérés, soit 50 000 tonnes de déchets électroniques. Le gouvernement japonais devrait bientôt dévoiler officiellement le design de ces médailles particulières, fruits des efforts de toute une population enthousiaste à l’idée que leurs appareils usagés puissent avoir une seconde vie au cou des futurs médaillés olympiques.
Une prouesse donc, démontrant qu’il est possible de parvenir à des objectifs ambitieux en répartissant l’effort global. On n’en attendait pas moins des japonais, dont l’équipe de football nationale, rappelons-le, s’étaient efforcée de rendre son vestiaire impeccable lors de la dernière coupe du monde, effort suivi par les supporters, qui nettoyaient leurs tribunes à la fin de chaque match.
Qui sait quelles autres surprises – technologiques ou non – seront dévoilées durant les prochaines années par ce peuple d’exception ? A l’aube de « l’humanité connectée », le Japon aura sans nul doute de nombreux défis à relever.