« Laissez parler les p’tits papiers… » Gainsbourg, dans cette célèbre chanson composée pour Régine, aurait-il prédit que le règne de ce matériau millénaire puisse survivre à l’ère numérique ? Que ce soit pour éviter de lire de longs dossiers sur son écran ou simplement archiver des documents, le papier est indispensable et même complémentaire aux outils digitaux. Mais comment le faire durer le plus possible, et assurer son recyclage, dont le processus est très bien maîtrisé ? Voici quelques réponses apportées par les joyeux recycleurs !
Le papier, une valeur sûre
Les experts l’avaient annoncé, peu avant la démocratisation du numérique : la mort du papier. Petit rappel de vos cours d’histoire : matériau très ancien, (sa découverte remonte au 2ème siècle après J-C, dans l’empire chinois) il est un pilier de la civilisation actuelle. Il a revêtu à travers l’Histoire plusieurs rôles majeurs, dont l’archivage : pouvoir consigner par écrit de manière (plus ou moins) durable connaissances, traditions, travaux littéraires et scientifiques. Un véritable « disque dur » avant l’heure ! Combiné à l’invention de l’imprimerie par Gutenberg au 15ème siècle, le papier devint vecteur de transmission de savoir, permettant à une plus grande partie de la population d’accéder à la connaissance élémentaire, à condition de savoir lire. Puis les révolutions industrielles sont passées par là, voyant le nombre de contenus imprimés exploser, garnissant les étagères du monde entier (ou presque).
Le papier au bureau, indispensable ou superflu ?
Malgré l’apparition des téléphones mobiles, ordinateurs, tablettes et autres liseuses digitales, si vous êtes amateur de presse écrite, il y a fort à parier que vous arrivez au bureau avec un quotidien sous le bras. Ensuite, lorsque vous devez décortiquer un texte plutôt long, vous allez privilégier l’impression, pour pouvoir lire plus confortablement. Autre poste de (grande) consommation, l’archivage. En effet, les disques durs les plus performants et le stockage déporté (Cloud) ne sont pas à l’abri d’une panne mécanique, informatique ou bien de réseau.
En moyenne, la consommation d’un employé est d’environ 75 à 80 kg par an. La ramette de papier reste ainsi le consommable le plus utilisé au bureau, environ 3 par an par employé. Dans les bennes, il représente plus de 75% des déchets générés par les bureaux !
Loin de devenir superflu, le papier reste donc un support de choix pour les activités professionnelles et les entreprises. Il est même véritablement complémentaire du digital, permettant des choses qu’il ne sera jamais en mesure de restituer. Chez les Joyeux Recycleurs, on n’a jamais réussi à se faire aux liseuses digitales et les lecteurs de l’équipe transportent toujours leurs livres aux pages cornées et parfumées de cette odeur caractéristique… de vieux papier !
Comment limiter sa consommation quotidienne de papier ?
S’il n’est pas possible de s’en passer, on peut au moins limiter sa consommation quotidienne. Plusieurs méthodes existent : imprimante qui se déclenche avec un badge personnel permettant à chacun de suivre sa consommation, impression systématique en recto-verso, ré-utilisation du verso d’une page de papier comme brouillon, etc.
Pour l’anecdote, il existe même des moyens de réduire fortement la consommation de votre imprimante au bureau, tout simplement en changeant de police d’écriture ! Plusieurs polices sont optimisées pour une plus faible consommation, comme Garamond, installée par défaut sur la plupart des machines, ou encore la plus récente EcoFont, dont les caractères sont percés de multiples trous, invisibles à l’impression.
Après utilisation… Pensez au recyclage de vos papiers de bureau !
Même en faisant tous les efforts possibles, du papier sera forcément présent dans vos corbeilles de bureau. Il convient alors de penser à le recycler. En effet, le papier est un matériau qui se recycle très bien. Les fibres de cellulose le composant peuvent être réemployées 5 fois, en incorporant à chaque fois une partie de fibres neuves. Une fois collecté et séparé des autres types de déchets (mélangés dans les bacs de tri, poubelles jaunes, corbeille de tri, etc), le papier est broyé et mélangé à de l’eau pour le faire redevenir pâteux. Cette étape facilite la séparation du papier et des autres composés (agrafes, trombones, anneaux de reliure, scotch etc).
Selon la qualité désirée en fin de processus, il faudra incorporer plus ou moins de fibres neuves. Les ramettes de papier blanc pour impression ainsi que du papier plus épais, de qualité, nécessitent ainsi un apport plus important de matière « neuve », alors que le papier journal peut être composé à 90% de fibres recyclées. Tous les papiers et cartons peuvent se recycler, mais la filière comporte néanmoins beaucoup de faux-amis, nuisibles au processus de collecte et de traitement :
- Les papiers spéciaux (papier photo par exemple) : ils ne sont pas composés uniquement de fibres de cellulose et comportent en général des couches de matériaux non recyclables.
- Les papiers et cartons souillés (mouchoirs, cartons de pizza plein de graisses) : les matières organiques présentes sur ces types de papiers et cartons vont rendre leur traitement difficile. Car si les machines arrivent bien à séparer le scotch du carton (sur les colis par exemple), la graisse et les résidus divers vont poser des problèmes.
- Les gobelets en carton : Le faux-ami par excellence. Loin d’être écologique, le gobelet en carton est un composé vicieux : le carton est recouvert d’une fine couche de plastique, destiné à le rendre étanche. Un calvaire pour son traitement, là aussi la séparation carton-plastique va être ardue. Préférez-lui son homologue en plastique, parfaitement recyclable à l’infini ! (Ou un mug, mais un article sera consacré aux gobelets prochainement)
Papier imprimé Vs numérique !
La filière papetière est de nos jours confrontée aux outils numériques et digitaux. On estime qu’en terme énergétique, l’envoi d’un courrier génère en pollution l’équivalent de 7 mails (ou un mail avec 7 destinataires !). Là où le secteur de la papeterie a fait énormément d’efforts pour réduire son empreinte écologique par une meilleure gestion des ressources en bois et favoriser le réemploi au maximum, on ne peut pas en dire autant du digital, qui s’avère de plus en plus gourmand en énergie. Les immenses serveurs des centres de stockage massifs sont en cause, car il s’agit de regroupements massifs d’ordinateurs ultra performants (et donc qui consomment beaucoup). Et on ne peut pas dire que leur nombre est destiné à stagner ou régresser dans les périodes à venir !
Mis bout à bout, il est donc difficile de déterminer qui du papier ou du courrier électronique est le plus nuisible à l’environnement. Mais les évolutions actuelles laissent à penser que le papier est loin d’avoir fini son règne. Grâce à la technique qui progresse, le recyclage de cette matière est de plus en plus facilité et rendu possible, contrairement à la gestion des outils digitaux, qui semble exponentielle et incontrôlable.
On vous laisse sur une citation de Pierre Assouline : « Les mots tracés sur le papier, plus encore que les paroles, restent gravés dans l’arrière-pays de la mémoire… »
Pourra-t-on en dire autant des mots affichés sur les écrans ? En tout cas dans l’équipe, on en doute !